atscaf cyclo 69 . Club FFCT n° 07061
Lyon, le 15 Juin 2008
MON PARIS-ROUBAIXPar Florian CABAJLe départ de Lyon en direction se fait sous la pluie. Heureusement, au fur et à mesure que nous montons au Nord, la météo se dégage. Ce n’est pas le grand soleil à Cambronne-les-Ribécourt, mais au moins, il le pleut pas et le ciel bien que gris ne semble pas très menaçant. Sur le parking, nous remarquons quelques tentes déjà plantées. Il faut dire que certains viennent de loin. Il y a bien sûr des belges et des hollandais, mais aussi une foule d’italiens et d’espagnols. La légende des pavés attire du monde. Nous ne voyons que très peu de VTT. L’immense majorité des participants est venue avec son vélo classique, avec quelques légères adaptations, tel ce vélo carbone haut de gamme doté de roues classique, de pneus de large section et de la double épaisseur de guidoline. Alors que nous faisons la queue pour récupérer nos inscriptions nous apercevons un maillot familier, celui de l’AC3F. La discussion s’engage. Lui est monté en train et redescendra de même. Le parking se remplit assez vite avant de se vider une fois que tout le monde a récupéré son inscription. Il ne reste guère que les campeurs sur place. Devant la météo qui se dégage, nous décidons de laisser les vélos passer la nuit dehors et de dormir dans la voiture, pour éviter de monter la tente. 4h00 du matin, nous voilà prêts à partir sous un ciel nuageux, comme nous l’avait prédit la météo. Nous nous élançons avec un petit groupe qui se forme sur la route pour Noyon. Rapidement, le groupe se scinde et nous nous faisons l’effort pour suivre sept cyclos de la Manche, facilement reconnaissables dans leurs maillots de l’ASPTT, qui roulent à bonne allure. Le fléchage peint au sol a été délavé par la pluie des derniers jours et nécessite une bonne attention pour ne pas commettre d’erreur de parcours, comme nous avons failli le faire dans un village. Je m’attendais à un parcours relativement plat, mais j’avais oublié que l’Oise comportait quelques collines. La route ondule continuellement et l’allure est globalement assez soutenue, le compteur flirtant régulièrement avec les 35km/h. Nous faisons une très courte pause pour soulager nos vessies et nous ravitailler légèrement avant de reprendre la route. Nos 7 postiers ne roulent pas comme des facteurs, et avec nos VTT, même chaussés de pneus plus adaptés à la route, nous sommes pénalisés. A l’approche du premier ravitaillement, je me laisse décrocher, il faut dire que la bosse précédente gravie aux environs de 40km/h m’a un peu tiré dans les jambes. Plutôt que de forcer pour revenir, je préfère me laisser décrocher et rouler à mon rythme. Alain SAVEY m’attend et nous laissons filer notre groupe. Nous arrivons ensuite à Bohain, le premier contrôle ravitaillement et lieu de départ pour le parcours de 170 km, sur lequel s’est engagé Michel GIRARD. Nos compteurs affichent des moyennes tout à fait correctes étant donné nos vélos et le profil du parcours jusqu’à présent. Nous nous ravitaillons et repartons pour le tronçon suivant qui va marquer les premiers secteurs pavés. A l’approche, je fais part de ma petite appréhension, teintée de curiosité, à Alain. Troisville, nous y voilà ; ça va commencer. Je vois que nous partons sur une petite route, je sens que ça va être là. Gagné, les choses sérieuses commencent. Premier secteur, première chute juste devant nous. Il faut dire que le pavé est glissant. On nous a conseillé de tenir le haut du pavé, mais cela demande un peu d’habitude dès que celui-ci est humide. Dès que l’on quitte l’arrête, on glisse. L’autre solution consiste à passer sur le côté, mais c’est courir le risque de prendre un mauvais trou qui serait caché par une flaque d’eau. Et les tas de fumiers qui encadrent parfois la route, même s’ils amortiraient une éventuelle chute, incitent à la prudence. Il faut vraiment pédaler sur les pavés pour réaliser ce que c’est. La vue se trouble sous l’effet des secousses, malgré la fourche suspendue (mais très raide, puisque resserrée pour les 100 premiers km de route), les poignets, les bras, les épaules sont très sollicités. On a l’impression que le cerveau vient se cogner contre la boite crânienne. Bref, rien de très agréable. Et on a le temps de bien ressentir car les premiers secteurs sont relativement longs. Nous dépassons quelques cyclos à pied. C’est vrai qu’une fois arrêté, vu la faible adhérence, il n’est pas forcément évident de repartir. Sur un tronçon, alors que nous avons dû mettre pied à terre à cause de cyclos arrêtés, je retrouve un anglais qui nous avait demandé sa route, se croyant perdu avant Troisville. Le parcours n’est toujours pas plat, et nous avons même droit à un « mur » qui pourrait figurer sur le parcours du Tour des Flandres. Les secteurs s’enchaînent, on arrive à les prévoir. C’est assez facile : dès que l’on prend la direction d’une route moins importante, le secteur pavé n’est pas loin. A l’arrivée au ravitaillement suivant, nous rentrons dans une cour par un tronçon pavé d’une vingtaine de mètres. Je glisse un « Ah non, pas encore des pavés ! » devant les organisateurs qui nous aiguillent. Cela les fait rire. Au ravitaillement, nous retrouvons les cyclos de l’ASPTT avec qui nous avons roulé au départ. Pour certains d’entre eux, c’est une première, d’autres connaissent déjà. Nous voilà repartis en direction de Wallers, le prochain ravitaillement. Je faiblis sur ce tronçon, la forte vitesse des premières heures se paye et j’ai mal au dos en passant les secteurs pavés. L’explication est simple, dès que je me crispe, c’est mon dos qui joue le rôle d’amortisseur et il n’apprécie pas. Ayant compris cela, je m’efforce de rester décontracté. Je suis aidé par le fait que je me suis un peu acclimaté aux pavés. J’arrive à mieux les passer, en restant sur le haut du pavé. Je discute avec des anglais, nombreux sur le parcours, et nous nous demandons comment certains peuvent aimer les pavés. A l’approche de Wallers, nous rejoignons un groupe de Pyrénéens. Nous en profitons pour parler montagne, milieu qui me plait plus que les pavés du Nord. Le ravitaillement sera l’occasion d’une pause plus longue pour permettre de récupérer. J’en profite pour envoyer des textos et bien me ravitailler à l’ombre des molettes. Nous sommes sur l’ancien site minier, et si certaines routes semblent dater du siècle dernier, c’est aussi le cas des bâtiments. Cela doit faire partie du charme de l’épreuve. Nous repartons après 45 minutes de pause pour ce que l’on présente comme l’un des morceaux de bravoure du parcours : la fameuse tranchée de Wallers-Aremberg. C’est par cela que Philippe DESIRE a commencé son parcours, Wallers étant un des lieux de départ possible. L’arrivée fait son petit effet : c’est le seul secteur forestier. Nous voilà partis pour 2.400 longs mètres de pavés irréguliers. De nombreux cyclos profitent du sentier qui longe les pavés pour s’épargner quelques secousses, ce ne sera pas notre cas. Je marque une pause à mi-parcours pour assouplir un peu ma suspension avant. Cela me permet de gagner un peu en confort pour le kilomètre restant. En sortant, nous avons l’impression d’être l’attraction du jour. Outre les voitures d’assistance, de nombreux autochtones sont venus voir les randonneurs de passage. Sortie de la tranchée : une bonne chose de faite ! Nous avons déjà avalé 20 km de pavés, il nous en reste une trentaine, et pas les meilleurs parait-il. Par contre, à partir de maintenant, le parcours est parfaitement plat. Sur le secteur suivant, je dois m’arrêter pour éviter de perdre un de mes porte-bidon qui est en train de se desserrer. Je constate que ma pompe, qui était solidaire du porte-bidon a été victime des secousses et doit joncher le parcours comme de nombreux bidons. Il me semble entendre mon téléphone sonner, mais je suis déjà reparti, je vérifierai plus tard. Les secteurs s’enchainent, difficile de juger de leur difficulté. Certains sont effectivement moins réguliers et nécessitent plus d’attention pour bien se placer et éviter d’être trop cahotés. Au ravitaillement suivant, j’appelle Philippe qui nous a effectivement laissé un message. Il vient de passer le Carrefour de l’Arbre. Il nous annonce de longs secteurs à venir (2 fois 3 000m). Le choix du VTT lui permet de passer les pavés à bonne allure, mais le pénalise fortement sur les sections routières. Michel Girard vient de le dépasser et ne doit plus être très loin des derniers pavés. Ce ravitaillement est le premier depuis le départ à proposer des produits salés. Les précédents étant abondamment garnis en bananes, oranges, quatre-quarts, spéculos, gaufres liégeoises, mais totalement dépourvus de produits salés. C’est l’un des reproches que l’on peut faire à l’organisation. Nous repartons. Effectivement, les secteurs pavés sont toujours aussi nombreux, mais nous avons appris à mieux les négocier au fil de la journée. Je m’arrête néanmoins sur un secteur pour dégonfler légèrement mes pneus et gagner un peu en confort. Il faut dire que mes fessiers commencent à me faire souffrir. A la réflexion, vu le gain de confort que j’en ai tiré, j’aurai dû le faire plus tôt. Certains semblent littéralement voler sur les pavés quand on voit l’allure à laquelle ils nous dépassent. Ils se faufilent au milieu des cyclos plus lents, et semblent impressionnants de maîtrise. Nous apercevons bien quelques crevaisons, mais finalement rien de très extraordinaire sur le nombre de participants. Nous atteignons ensuite Cysoing, dernier ravitaillement. Nous trouvons à nouveau des produits salés. Dommage que le quatre-quarts se marie si mal avec le saucisson proposé. Je passe faire un petit tour au médical pour une légère douleur au genou que j’aimerais faire traiter avant qu’elle ne s’aggrave, mais le point médical a été dévalisé et n’est plus en capacité de proposer d’autres soins que sa bonne humeur. Un cyclo italien veut se faire percer une ampoule à la main, mais il n’y a même pas d’aiguille. Le responsable du point d’assistance lui propose bien son couteau, mais cela ne tente pas le cyclo. Plus que 25 km, mais encore de nombreux pavés. Nous avons bien remarqué que sur les 8 prochains kilomètres, il y aurait plus de 5km de pavés, et pas des moindres puisque cela se terminera par le Carrefour de l’Arbre. C’est dur. Je marque une pause avant le ce secteur. Je discute avec un couple qui regarder passer les cyclos. Le mari compte 4 Paris-Roubaix à son actif. Nous discutons vélo et en profitons pour renseigner un anglais qui cherche à savoir précisément où il est sur le parcours pour prévenir sa voiture d’assistance. Il revient vers nous avec un panneau ramassé au sol « Interdiction de stationner » nous demandant si c’est le nom du village. Il rigole après que nous lui ayons donné la signification du panneau. Il appelle mais à beaucoup de mal à prononcer Camphin-en-Pévèle qui devient « Camephine-en-Piveule » que son interlocuteur ne semble pas comprendre. Il nous demande donc de prononcer pour lui le nom du village dans son téléphone. Après cette pause, me voilà reparti. Le secteur présente effectivement un pavé très irrégulier et demande beaucoup de vigilance pour choisir où placer sa roue. Je pense qu’avec un vélo de route, une faute d’inattention peut facilement amener à casser sa roue au regard de certains trous. Je marque à nouveau une pause à mi-parcours pour soulager mes fessiers. Même si le gain d’adhérence que m’a procuré le dégonflage de mes pneus me permet d’utiliser un peu la position en danseuse, cela n’est possible que si le pavé n’est pas trop mauvais. Je termine le secteur du Carrefour de l’Arbre et retrouve Alain qui m’attend. Maintenant, c’est quasiment fini. Plus qu’un secteur, que l’on peut presque éviter car il présente une bande goudronnée sur quasiment toute sa longueur, ce dont profitent de nombreux participants, mais pas nous. Nous sommes venus là pour les pavés et sommes bien décidés à les déguster jusqu’au bout ! Il nous reste une petite côte à franchir. Nous la gravissons avec un cyclo qui semble fatigué et presque désolé de ne pas avancer plus vite, il se retourne vers moi pour me dire « je suis à bloc ». Je lui réponds que moi aussi. Mais c’est désormais presque fini, nous débouchons sur l’avenue qui nous emmène vers le vélodrome. Un dernier secteur pavé de 300m, mais celui-là ne compte pas, ce sont des auto-bloquants. On tourne à droite, on rentre sur le vélodrome, contents de ce que nous venons de faire. Cela fait bizarre de rouler sur une piste après les pavés. Michel Girard nous a vus arriver et vient nous saluer. Il nous raconte que sur son vélo de route, il a beaucoup souffert sur les pavés. Il a d’ailleurs emprunté les zones permettant de les éviter assez régulièrement, notamment dans Wallers-Aremberg. Il s’éclipse très vite car son bus pour le ramener au point de départ va partir. De notre côté, nous allons récupérer notre diplôme, nos sandwiches offerts à l’arrivée, notre plateau repas et mon pavé souvenir. Nous avons aussi profité des fameuses douches pour nous débarrasser de la boue qui nous collait aux jambes depuis le premier secteur pavé. Florian CABAJ
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